Plan de relance et objectif zéro artificialisation nette, le nouveau chemin pour l’aménagement est dévoilé

 

Crise sociale, crise climatique, crise environnementale, crise sanitaire, crise sécuritaire, la multiplication des crises que nous traversons est inouïe. Celle du Covid-19 vient d’occuper tout l’espace médiatique, mais les problèmes de fond ne sont pas réglés. La colère des gilets jaunes n’est pas calmée. La réforme des retraites n’est pas totalement digérée. Les images impressionnantes des inondations, les nuages de pollution ou la répétition des pics de chaleur marquent toujours les esprits, et particulièrement celui des jeunes qui attendent une réponse de la part de leurs aînés. Au surplus, les tensions sont toujours vives dans nos quartiers les plus sensibles.

Il faut crever l’abcès : nous vivons une période critique de notre histoire. Sur le plan économique du secteur de la construction, elle nous sera fatale en cas d’échec du plan de relance annoncé par le Gouvernement pour la rentrée. Le moment est venu d’observer les limites de nos politiques publiques en termes d’aménagement du territoire.

C’est vrai en ville pour beaucoup de confinés dans des petits logements loués ou vendus à des prix souvent exorbitants. C’est vrai pour les villages dépourvus de services publics. C’est vrai pour les centres bourgs qui ont dû faire face aux fermetures d’écoles. C’est devenu dramatique pour les victimes des délocalisations hospitalières. C’est symptomatique pour les communes dont les petits commerces ont fermé ou dont les gares et les bureaux de postes sont laissés à l’abandon.

La situation n’est plus supportable pour tous ces territoires dispersés, dépourvus de moyens et relégués au second rang par des métropoles qui concentrent toutes les richesses, les services, la culture et les pouvoirs. Lorsque de façon binaire la densité de la ville est diabolisée ou, à l’inverse, la construction de maisons individuelles est stigmatisée, on oppose entre elles la diversité des aspirations des Français.

Que faire ? Ne pas confondre vitesse et précipitation dans le sauvetage de notre économie et le développement de notre industrie. Il faut certes agir immédiatement pour organiser la reprise. Mais nous devons y consacrer une réflexion pour repenser nos modèles et reconstruire les fondamentaux.

Autrement dit, bien comprendre la situation pour remédier définitivement aux déséquilibres entre les territoires, et agir pour organiser un espace futur qui soit cohérent avec l’évolution de nos manières de vivre, de travailler, de produire, de consommer et d’habiter. C’est la définition première de l’aménagement du territoire qui privilégie des projets vecteurs de sociabilité dans un tissu urbain en développement plutôt qu’un habitat dispersé au gré d’opportunités foncières.

Sous le vocable des labels Écoquartiers délivrés depuis 10 ans pour promouvoir une ville durable et résiliente, l’aménagement se définit plus concrètement comme un ensemble de solutions techniques nouvelles qui répondent aux impératifs de l’écologie, de la biodiversité et de la santé. Les projets d’aménagement sont retenus en fonction de leur qualité architecturale et paysagère, de la mixité des logements et des commerces proposés. Mais pas seulement. Ils sont également jugés par le tonnage d’émissions d’énergie carbonée qu’ils permettent d’éviter ou la qualité des services de mobilité douce proposés, véhicules électriques, navettes autonomes. Le chiffre d’affaires généré par les exploitations maraîchères bio en pleine terre ou en aquaculture devient également une donnée essentielle, tout comme les calories consommées par les boucles géothermiques et le taux d’autoproduction d’électricité mesuré à l’échelle de la communauté énergétique du quartier.

L’aménagement permet enfin et surtout de compenser l’usage d’un sol devenu rare. Par l’optimisation des densités, il économise quatre fois le foncier que les constructions en secteur diffus consomment. Pour reprendre une des propositions centrales déjà formulées par la convention pour le climat, l’enjeu est de taille : en autorisant les constructions nouvelles dans le seul périmètre des permis d’aménager, nous pourrions diminuer jusqu’à 75% de notre consommation foncière actuelle dans le secteur de l’habitat !

Concept multiproduits, concentré d’ingénierie et d’innovations, l’aménagement dans sa définition la plus évoluée s’impose aujourd’hui comme un véritable modèle de transition urbaine. Un nouveau modèle qui doit permettre à chacun de s’approprier progressivement la valeur montante du local, d’être plus soucieux de l’environnement, d’appréhender différemment l’organisation du travail, de privilégier les circuits courts et de soutenir la relocalisation de certaines activités de production.

Le moment est favorable pour enclencher le processus de cette transition à grande échelle. Au Gouvernement désormais de donner aux élus, aux opérateurs et aux citoyens les moyens d’y prendre part dans le cadre du plan de relance. Dans cette perspective, l’Unam préconise :

  • de concevoir une vision sociétale de l’aménagement pour privilégier les projets qui économisent le foncier plutôt que de laisser courir la dispersion ;
  • d’apporter un soutien aux collectivités et aux maires bâtisseurs par une optimisation et une simplification des procédures ;
  • d’accompagner les ménages sur le plan économique vers des comportements plus durables.

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