ZAN : Démontrer que nos interventions d’aménageurs apportent des solutions

 

Interview de François Rieussec, NewsTank, 9 mars 2020

Le ministère organise quatre réunions thématiques ce mois de mars dans la perspective d’aboutir à une feuille de route d’ici avril 2020 pour atteindre l’objectif ZAN fixé par le Gouvernement. Sur les questions foncières, qu’attendez de ces groupes de travail ?

J’espère avant tout que les échanges seront positifs et permettront de déjouer toute forme de stigmatisation. Je pense aux aménageurs mais aussi aux agriculteurs, aux constructeurs et aux promoteurs trop souvent la cible d’invectives médiatiques. Cela dit, je rappellerai si besoin qu’il faut arrêter de confondre les effets de l’étalement urbain avec ceux de la dispersion urbaine et de l’émiettement parcellaire, arrêter d’opposer les français, les générations, les formes d’habitat, les modes de vie et d’habiter.

Je suis ravi que le sujet réunisse autour de la table nos trois ministères. Avec Emmanuel Wargon, Didier Guillaume et Julien Denormandie, le sujet du foncier est devenu éminemment politique, je m’en réjouis. Préserver le foncier en quantité et l’optimiser en qualité va enfin démontrer la nécessité d’aménager avant de construire.

Partager les enjeux et fixer l’ambition de la sobriété foncière, encourager le recyclage foncier et urbain, soutenir les projets de territoires, il y a beaucoup de sujets. Quelles sont vos priorités ?

Ma priorité est de démontrer que nos interventions d’aménageurs peuvent apporter les solutions aux objectifs poursuivis par ZAN par des projets qui répondent aux impératifs du climat, de la préservation de la biodiversité, de l’économie d’énergies carbonées, des écomobilités, de la santé favorisée pour les habitants. Ce n’est pas en arrêtant de construire que tous les problèmes seront résolus pour autant. Oui à la reconversion des friches, oui à la renaturation des sites pollués, mais il faudra également trouver de nouveaux gisements fonciers pour construire 12 millions de logements à l’horizon 2050 ! Il y a un vrai besoin de panification à l’échelle de projets adaptés aux spécificités des territoires.

Sur le terrain, est-ce que les élus abordent le sujet avec vous ?

Oui et ils ne partagent pas la vision binaire de l’objectif ZAN. Les élus locaux mesurent que le sujet est bien plus complexe et cela me rassure. Ils ont d’ailleurs très mal accueilli la circulaire de juillet 2019 adressée aux Préfets pour stopper toute nouvelle ouverture à l’urbanisation. Mais je crois que le ministère a depuis reconnu s’être un peu trop précipité sur le sujet. Nos maires et leurs équipes sont très à l’écoute des solutions techniques et économiques que nous pouvons leur apporter. Ils ont conscience que l’aménagement multiproduits, avec la diversité des fonctions, la qualité des services et la prise en compte des critères environnementaux peut leur permettre d’atteindre beaucoup de leurs objectifs politiques.

Quelles mesures proposez-vous pour atteindre l’objectif ZAN ?

Je défends avant tout des projets concrets qui répondent à l’hétérogénéité des besoins des Français et qui prennent en compte la diversité des situations et des moyens. Il faut multiplier les projets qui impactent la collectivité dans son ensemble et privilégient une démarche systémique sur tous ces sujets de mobilité, d’agriculture urbaine, de commerces et de services de proximité. Pour atteindre l’objectif ZAN, il ne faut pas seulement se concentrer sur le bâti ou le réaménagement de l’existant, mais aussi sur des opérations d’ensemble. Car sans modèle économique global, viable, nous ne réussirons pas à négocier collectivement le futur grand virage de l’urbanisme et de l’aménagement en France.

Dans ce dossier, le Gouvernement a choisi de mobiliser de nombreux acteurs représentant la société civile, les parlementaires, des associations d’élus, des ONG, des organisations professionnelles… Comment vous situez-vous au milieu de toutes ces voix ?

Nous jouons collectif. Par nature, notre métier d’aménageur nous permet de travailler avec tout le monde et de fédérer sur de projets concrets. C’est pourquoi nous faisons partie des fondateurs de l’observatoire national du cadre de vie, créé en 2019, avec l’Ordre des géomètres-experts, le Conseil national de l’Ordre des architectes, l’Office professionnelle de qualification des urbanistes, l’association française interprofessionnelle des écologues, la fédération des SCOT, la fédération française du paysage et le Barreau de Paris. Il crée un cadre de travail en commun et de discussions interprofessionnelles. Nous avons un cadre de discussions et d’analyses interdisciplinaires, dans le but de faire des propositions à destination des pouvoirs publics. C’est dans cet esprit que nous cherchons à répondre aux attentes des citoyens.

 

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